19

 

Immergé, je faisais de tels rêves.

Quand j’entendis un murmure, très près de mon oreille.

— Vous vouliez connaître nos plans.

C’était Troy qui me hissait hors de l’eau. Je me retrouvai dans la poche d’air de la bulle d’une méduse.

— Et les autres ?

— Mieux vaut les laisser dormir. Nous vous avons réveillé pour vous faire assister à un événement important. Quoi qu’il puisse advenir, que nous remportions la victoire ou que nous subissions une défaite, vous en serez témoin.

L’appareil sortit du sas du vaisseau-monde. Le décor était familier, un ciel nocturne strié de traits brumeux entre les étoiles. Je pensai aussitôt à des comètes…

— Sur Vénus, la vie a été détruite par un effet de serre naturel déclenché par des bombardements périodiques de comètes, me dit-elle. Sur Mars, nos efforts pour en créer un artificiellement ont été réduits à néant par la faction traditionaliste, ces Amalthéens qui veulent respecter leur Mandat à la lettre. Il ne reste plus dans ce système qu’une seule planète où la vie pourrait se développer. Les partisans de Thowintha – les adaptationistes – refusent d’y toucher.

— Pourquoi ?

— Parce qu’on y trouve des formes de vie indigènes.

— Dites plutôt que vous les avez persuadés de s’abstenir de toute intervention.

Elle ne me répondit rien. Lorsqu’il faut mentir, Troy est très forte à ce jeu. Elle induit ses interlocuteurs en erreur en n’exprimant que des vérités. Elle me dissimulait quelque chose. C’était si évident que je compris ses intentions. Elle voulait me laisser le soin de faire des suppositions. Mais sa trop grande subtilité m’empêchait de deviner ce que j’étais censé déduire.

— Le doute rongeait les deux factions, me déclara-t-elle sur le ton propre aux conférenciers. Les organismes présents dans les mers de la Terre – et dont la ressemblance avec des espèces amalthéennes est sidérante, surtout en ce qui concerne les plus primitifs tels que les méduses, le krill, etc. – ont-ils été accidentellement ensemencés par les Amalthéens eux-mêmes lors de précédentes explorations du système solaire ou étaient-ils déjà là à cette époque, les similitudes n’étant alors qu’un simple effet du hasard, de parfaits exemples d’évolution convergente ?

« Quelle que soit la réponse, nos amis estiment qu’il faut laisser le processus se poursuivre sur la Terre sans intervention extérieure. Mais le résultat n’est pas prévisible. Si nous considérons le passé, l’évolution se confond avec l’histoire, une histoire aux bifurcations innombrables qui obéit constamment aux lois de la physique et des probabilités mais qui, dans ses détails, n’est régie que par le hasard.

« Le compagnon obscur du soleil, cette singularité appelée Némésis, est en l’occurrence un facteur d’incertitude. Tous les vingt-six milliards d’années il projette des comètes vers le Soleil. Un ou plusieurs de ces corps célestes risque alors de percuter la Terre… et de modifier radicalement l’environnement. Certaines espèces sont condamnées à disparaître, ce qui permet à d’autres d’occuper de nouvelles niches écologiques où elles poursuivent leur évolution.

« Nous sommes venus sur Terre après avoir envisagé une possibilité catastrophique. Nous avons vu les traditionalistes – ces fanatiques qui accordent à leur Mandat un statut religieux et refusent et exècrent la simple idée de l’adapter à un écosystème préexistant – détruire de propos délibéré tout ce que nous avions accompli sur Mars. Ils pensent qu’ils auraient dû poursuivre leur route, partir en quête d’une autre étoile. En perdant Vénus, ils ont également perdu leur unique possibilité de respecter les clauses de leur Mandat à l’intérieur de ce système. Peut-être ne sont-ils pas enthousiasmés par la perspective de devoir entreprendre une nouvelle odyssée d’un milliard d’années, mais une chose est certaine : ils considèrent que nos amis sont des hérétiques et ont décidé de rester dans les parages pour les faire disparaître, avec les humains.

« Pour détruire l’humanité il suffit de modifier le parcours que l’évolution a suivi sur la Terre. La solution la plus simple consiste à altérer la trajectoire des comètes en provenance de Némésis, du Tourbillon.

— Où sommes-nous ? lui demandai-je. En quelle période ?

— La fin du crétacé.

Une ère où la Terre avait été soumise à d’importants bombardements météoritiques…

Notre méduse quitta l’hémisphère nocturne pour celui diurne et nous survolions peu après le globe terrestre à basse altitude. Mers et continents avaient des contours différents de ceux qu’ils ont de nos jours mais je n’eus aucune difficulté à nous situer au milieu de l’Amérique du Nord. Les plaines vallonnées de ce qui deviendrait le Montana ressemblaient à la Chine centrale ou à l’est de l’Oregon actuel.

Je savais qu’une mer tempérée peu profonde avait recouvert cette région deux millions d’années plus tôt, avant de se retirer au sud et à l’est. À présent, des fleuves paresseux drainaient cette étendue. À l’ouest, les montagnes Rocheuses n’étaient encore que de basses collines volcaniques couvertes de pins et de buissons. Plus bas s’étendait le royaume des marécages et des forêts envahies de fougères, de cyprès chauves et de métaséquoias… un arbre sombre et duveteux que tous croiraient disparu au XXe siècle jusqu’au jour où on en découvrirait quelques spécimens dans le jardin d’un temple chinois. Le long des berges de galets des fleuves la végétation était semi-tropicale, un enchevêtrement de plantes fleuries et de feuillus : énormes sycomores, plaqueminiers, kadsuras, palmiers et magnolias…

Où il était possible de le faire – sans troubler plus que les courants d’air (car s’il existe un seuil au-dessous duquel les perturbations ne peuvent altérer le cours suivi par l’évolution nous ne tenions pas à prendre de risques) – nous descendions à quelques centimètres des marais. De ce point d’observation nous pouvions voir d’énormes crocodiles terrifiants poursuivre des grenouilles et des tortues, des lézards courir dans les bois et des boas constrictors ramper sur les branches des arbres.

Et nous vîmes aussi des dinosaures ! Des tricératops, ces chars d’assaut herbivores armés de cornes et d’une collerette, et des tyrannosaures, ces carnivores impressionnants mesurant une quinzaine de mètres de crocs et de queue en équilibre sur deux pattes (avec un cerveau bien plus adapté à leurs besoins que ne doivent le supposer la plupart des gens).

Nous découvrîmes finalement ce que nous avions tant espéré voir : des mammifères, qui réussissaient tant bien que mal à se procurer de quoi survivre. Certains avaient un aspect familier, par exemple nos ancêtres, de petites créatures proches des musaraignes, et des animaux tels que les opossums dont l’apparence ne se modifierait guère en quelques millions d’années… alors que d’autres étaient vraiment étranges.

Les condylarthres, par exemple. Des bêtes grosses comme des fox-terriers, avec un mufle carré, des pattes trapues dotées de cinq orteils et des crocs massifs qui leur permettaient de broyer la végétation. Nous étions ravis d’en voir des troupeaux, car ce sont les ancêtres de tous les mammifères placentaires ongulés : chevaux, vaches, hippopotames et éléphants…

C’était dans le ciel de cet Éden grouillant de vie que nous attendrions l’arrivée de la comète à la fois fatale et vitale, un trait de pâle clarté à peine visible jusqu’au moment où elle s’enfoncerait dans l’océan à une vitesse de quatre-vingt-dix mille kilomètres par heure. Elle libérerait alors l’équivalent de cent millions de mégatonnes d’énergie, engendrerait des raz de marée de huit kilomètres de hauteur, renverserait les dinosaures, raserait toutes les forêts et projetterait mille billions de tonnes de matière liquéfiée et vaporisée – sa propre substance mélangée à celle de la Terre – dans les strates supérieures de l’atmosphère… et en orbite où ce voile resterait en suspension pendant des mois pour masquer le soleil.

Mais une fois de retour dans le vaisseau-monde nous apprîmes que ce corps céleste n’avait pas encore été détecté. Les systèmes du bord avaient calculé les vecteurs de toutes les comètes de l’essaim qui convergeait vers le soleil. Aucune ne suivait une trajectoire de collision avec la Terre.

Notre conversation s’interrompit – j’étais avec Troy et Redfield – et j’essayai désespérément d’évaluer les incertitudes…

Si rien ne venait percuter la Terre à la fin du crétacé notre monde serait différent. Rien n’empêcherait un dinosaure à l’esprit plus développé que les autres de prendre la place que les descendants des singes s’étaient empressés d’occuper dans la réalité où nous avions autrefois vécu.

Comment fallait-il interpréter l’absence de cette comète ? Devions-nous l’attribuer à une intervention des traditionalistes amalthéens ? Nous avaient-ils précédés en cette période et en ce lieu ? N’était-ce pas plutôt le véritable passé du système solaire qui nous était révélé ? Et, en admettant que ce fût le cours que devait naturellement suivre l’histoire en l’absence de toute intervention extérieure, que convenait-il de faire ?

Troy me laissa le temps d’assimiler tous les éléments de ce problème d’éthique avant de déclarer :

— Je me suis entretenue avec Thowintha. Nous avons trouvé un candidat valable. Il a la taille requise – neuf kilomètres sur son axe semi-majeur – et une orbite relativement instable. De toute évidence, son parcours a été perturbé il y a peu, sciemment ou par hasard.

— Vous croyez que Nemo a convaincu nos adversaires de le dévier ?

C’était, je crois, l’excuse qu’elle voulait m’inciter à saisir.

— Une légère poussée de notre vaisseau-monde suffirait pour l’envoyer droit vers la Terre.

Ce fut le seul moment de cette discussion où je me permis une remarque empreinte d’ironie :

— Vous n’avez rien négligé pour que l’histoire suive le même cours que précédemment, déclarai-je.

Elle fit naturellement ce qu’elle avait toujours eu l’intention de tenter.

 

Plus tard, elle me raconta ce qui s’était produit :

— Le noyau de la comète a percuté la plaque des Antilles… un fait connu à notre époque. Obtenir volontairement ce résultat eût été impossible. Nous aurions déjà été comblés si ce projectile était simplement tombé dans l’Atlantique nord.

Elle me sourit, un rictus dont j’avais appris à me méfier.

— Les mathématiques de la théorie macroscopique des quanta sont ardues, mais l’important, c’est qu’en dernière analyse il ne subsiste qu’une seule réalité. Étant donné que nous sommes là, il en découle que l’histoire suivra son cours précédent… quoi que nous ou les Amalthéens puissions entreprendre.

— C’est indubitable, répondis-je. Tout au moins jusqu’à l’instant présent.

Elle inclina imperceptiblement la tête.

— Exact.

Elle arborait toujours un sourire, étroit et à peine esquissé, et il me vint à l’esprit qu’elle faisait désormais bien son âge. Tout comme moi, d’ailleurs.

— Qu’on utilise ou non la théorie des quanta, il est impossible de prédire l’avenir, ajouta-t-elle. Même en principe. Le temps de le regagner, le futur se sera modifié.

 

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